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*Résumé* L’agression, une histoire naturelle du mal, de Konrad Lorenz

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Pour cette toute première vidéo, je vous résume un livre que j’ai trouvé très compliqué (et donc que j’ai voulu rendre simple) : L’agression, de Konrad Lorenz.

Ce résumé est une interprétation, une vulgarisation subjective qui ne dispense pas de la lecture de l’ouvrage mais peut servir de support de compréhension. En effet, seule la lecture de l’ouvrage en question vous permettra une compréhension réelle des idées de l’auteur, je vous encourage donc à vous procurer ce livre en cliquant ici.

Pour vous encourager, bien que certes un compliqué, ce livre poétique est riche d’exemples fascinants qui ne figurent pas dans cet article ?

L’agression, une histoire naturelle du mal, par Konrad Lorenz

1. Prologue dans la mer

Lorenz s’est d’abord demandé pourquoi certains poissons étaient si colorés. Il a remarqué que parmi les poissons de corail, seuls les bariolés avaient un domicile fixe qu’ils défendaient agressivement contre leur congénères (donc poissons de la même espèce qu’eux) au point de les attaquer.

En les étudiant, Lorenz a établi une forte corrélation entre leur coloration, leur agressivité et leur attachement au territoire.

Les poissons d’eau douce, bien que parfois très colorés, ne sont pas agressifs, eux. Leurs couleurs sont premièrement un moyen d’expression présent seulement quand elles sont utiles (amours, combats). Alors que les poissons de corail sont bariolés en permanence. En eau douce, les poissons sont moins colorés et moins voyants de loin, mais de près, on peut observer des petits dessins, des petits détails destinés à être reconnues par les congénères qui nagent près d’eux.

Les poissons de corail ont donc autant de couleur pour être vus et reconnus de loin par leurs compagnons d’espèce et pour comprendre cela, faisons une analogie avec un village.

Imaginons un petit village avec un boulanger, un médecin et un garagiste. Pour maintenir chacun leur niveau de vie, ils ont chacun intérêt à n’avoir aucun concurrent et ici leurs activités sont bien réparties selon leur domaine de compétence. Ils peuvent donc bien vivre de leur activité.

C’est exactement la même chose qui se passe dans un mètre cube d’eau de mer et de corail qui fonctionne comme ce village : chaque espèce de poisson présente se nourrit d’une partie du corail différente et elle a tout intérêt à être toute seule sur ce mètre cube si elle veut avoir assez de nourriture spécifique. Les couleurs servent donc à tenir les concurrents alimentaires à distance.

3. A quoi le mal est-il bon ?

(oui on saute le 2 !)

On va voir maintenant différents type d’agression qu’on peut dores et déjà classer en deux catégories, inter-espèce (chat contre souris) et intra-espèce (chat contre chat).

L'agression, Konrad Lorenz

Les agressions inter-espèce

1. L’attaque prédateur -> proie

C’est celle qui vient en première, celle de la chasse pour se nourrir.

A noter un fait intéressant sur l’évolution : avec le temps (et ce sur des milliers d’années) les chasseurs influencent l’évolution de leurs proies et inversement ! Plus le guépard court vite, plus la gazelle court vite, alors jusqu’où ça va aller… ? Les dents des herbivores se durcissent pour mieux couper les végétaux qui, pour se défendre, vont par exemple changer leur composition minérale.

La proie n’est jamais mise en danger dans son espèce car tout finit toujours par s’équilibrer. Une espèce n’est donc pas menacée par son adversaire mais, nous y reviendrons, par son concurrent.

2. Le mobbing

Il se passe aussi l’inverse, la proie peut contre-attaquer son prédateur en groupe pour se défendre (« mobbing » veut dire « guère de harcèlement » en français).

Donc les oiseaux vont se regrouper pour chasser un chat, un hibou pour lui inciter à changer de territoire de chasse…

3. La réaction critique

C’est l’attaque de la dernière chance, du désespoir. L’animal ne pouvant plus fuir et craignant plus que jamais pour sa survie doit tout donner et combattre violemment pour s’en sortir. Il agit ainsi souvent par manque de place pour s’enfuir ou pour protéger sa portée.

Les agressions intra-espèce

4. Se répartir dans l’espace

C’est l’attaque utilisé par les poissons dont nous venons de parler mais aussi par les oiseaux qui viennent de nicher pour prévenir les voisins qu’ils ont maintenant élu domicile ici.

Les chats utilisent leurs crottes comme signal : s’il est frais, il change de chemin, et s’il date de quelques heures, il continue. Cela permet d’utiliser le même terrain de chasse sans se disputer avec son horaire d’utilisation.

Quand la délimitation du territoire est juste spatiale, cette délimitation n’existe que par le degré de combattivité de l’animal. Il est plus combattif au coeur de son territoire, c’est donc toujours celui qui est le plus proche de chez lui qui va gagner, et c’est donc plus facile de défendre son territoire actuel que de l’étendre.

5. Les combats entre rivaux

Celui qui gagne le combat transmet non seulement sa génétique forte (si le parent est fort, les enfants ont plus de chances de l’être) mais pourra aussi mieux défendre ses petits contre l’extérieur. Le combat doit donc remplir les deux fonctions des agressions inter-espèce et intra-espèce.

6. Le pecking order

(ça vient des poules qui donnent des coups de becs)

C’est simplement le principe de hiérarchie dans un groupe : il y a un plus fort, un plus faible, tout le monde sait à quoi s’en tenir et respecter cette organisation de la communauté évite les rapports de forces et les combat, et donc diminue l’agressivité. Par exemple au moment de manger, les plus forts mangeront d’abord, les plus faibles attendront leur tour, au lieu de se chamailler des bouts de nourriture.

L’agression intra-espèce ne fait donc pas de tort à l’espèce mais au contraire permet de la conserver.

4. La spontanéité de l’agression

L’agression n’est pas une réaction aux facteurs extérieurs mais un instinct en faveur de la conservation de l’espèce. Si c’était le cas, il suffirait d’éliminer les facteurs extérieurs pour éliminer l’agression. En fait même si on élimine les facteurs extérieurs qui pourraient provoquer l’agressivité, elle se manifeste quand même : une expérience qui consistait à éliminer toute source de frustration chez les enfants les a en réalité rendus insupportables et justement agressifs, leur instinct n’ayant pas eu l’opportunité de s’exprimer plus tôt.

Un comportement instinctif va être déclenché ma un stimulus extérieur : par exemple la parade de l’oiseau mâle est provoquée par la présence d’une femelle de son espèce.

Mais une expérience à montré que si on enlève cette femelle quelques jours, le mâle danse pour la femelle d’une autre espèce. Quelques jours de plus, pour un pigeon empaillé, puis pour un bout de tissu, pour finir au bout de quelques semaine à danser pour un coin de sa cage.

Donc quand un comportement instinctif est arrêté ou empêché pendant un certain temps, il suffit d’un stimulus de plus en plus faible pour le déclencher.

A ce moment là, l’animal est alors très sensible aux déclencheurs faibles, mais si en plus il n’a pas la possibilité d’exprimer son comportement instinctif d’une manière ou d’une autre, il va s’agiter et chercher des facteurs qui lui permettraient de s’exprimer et de décharger ses pulsions. Et si parfois courir ou nager dans tous les sens peut suffire pour se défouler, l’animal (ou l’humain) peut s’exposer à des conséquences grave pour lui et ses congénères si cela ne suffit pas. Si l’enjeu est moindre pour une parade, c’est particulièrement le cas pour l’instinct d’agression.

Chez les cichlides en captivité par exemple, s’il n’y a pas d’ennemis de territoire sur lesquels exprimer leur agressivité, un partenaire finit par être tué par l’autre. Plus les membres d’un groupe sont proches et intimes, ici un couple, plus le refoulement de l’agression est dangereux car le seuil de déclenchement est plus bas : vous avez peut-être remarqué d’ailleurs qu’on est beaucoup plus agacé par les petites manies désagréables de nos proches intimes que celles des gens qu’on connait moins ?

En tant que personne raisonnable on ne va pas se défouler comme un barge sur son meilleur ami mais plutôt s’écarter, jeter quelque chose ou faire du bruit : ça s’appelle un mouvement dévié, ou réorienté.

5. Habitude, cérémonial, et magie

Le fait de dévier ou réorienter une attaque est une excellente invention de l’évolution pour transformer l’agression en voie inoffensive, mais comme on n’est jamais sûr de rien, ce n’est pas la seule.

Avant de poursuivre, petit instant dictionnaire pour définir le terme un peu compliqué de ritualisation phylogénétique : c’est un ensemble de comportements sélectionnés par l’évolution qui codifient et canalisent les interactions entre individus. On va préciser ça ?

Donc oui, cette double sécurité concerne la transformation de la signification d’un comportement : un mouvement qui servait à évoluer dans le milieu extérieur, comme un mouvement de nageoire, acquiert une fonction de communication : soit canaliser l’agression pour réduire les pertes dans l’espèce, soit établir des liens sociaux nécessaires à la cohésion du groupe. Donc au début un mouvement est juste un mouvement, et avec le temps ce même mouvement devient aussi un message.

La ritualisation concerne aussi les habitudes et les cérémonials, qu’il s’agisse de rites traditionnels dans la culture humaine ou de rites sociaux issus de l’évolution dans la vie sociale des animaux.

Alors du coup comment se construit ce nouveau comportement ?

On a à la base une série de comportements, de mouvements variables et un peut aléatoires qui se transforme en une séquence précise, rigide (donc toujours la même) et obligatoire pour que la communication soit claire et sans ambiguïté. Pour qu’un mouvement serve de signal, on va donc jouer sur son amplitude, sa vitesse, son rythme, sa répétition, et en exagérant tout ça la communication est plus précise.

Il est important de noter que, dans chaque cas, la nouvelle signification du comportement devient un nouvel instinct qui rejoint les autres (comme la fuite, l’agression, la sexualité ou l’alimentation), instinct indépendant qui va d’une part chercher à s’exprimer quoi qu’il arrive, et d’autre part permettre de canaliser l’instinct d’agression.

Quasiment tous les comportements humains sont issus de la ritualisation culturelle, à tel point que pour trouver des exemples qui ne le sont pas, il faut s’en tenir à ceux qui ne sont pas censés se faire en public. Toutes les « bonnes manières » sont déterminées par la ritualisation culturelle qui a toujours pour but de diminuer l’agression et créer du lien, il n’y a qu’à voir ce qui se passe quand quelqu’un se comporte en groupe comme s’il était tout seul… !

6. Le grand parlement des instincts

Le mécanisme des instincts fonctionne comme un parlement : c’est un système démocratique capable de trouver des compromis entre les différents intérêts qui rendent la vie possible. C’EST CLAIR ?

? Prenons pour illustrer l’instinct d’alimentation : même si on parle d’instinct, ce comportement est toujours en réalité le résultat de plusieurs causes physiologiques ou de plusieurs pulsions, un peu comme chaque os fait marcher un squelette.

On a déjà vu que chaque mouvement instinctif cherche à s’exprimer qu’il y ait un élément déclencheur ou pas. A partir de là, on ne peut pas dire qu’un comportement instinctif qui aboutirait à manger soit forcément déclenché par la faim : les chiens aiment chasser, qu’ils finissent par manger ou pas.

Courir, flairer, traquet… sont des comportements instinctifs qu’on appelle des pulsions partielles. Ce sont les petits serviteurs des 4 grands instincts (reproduction, alimentation, fuite et agression) qui sont eux des sources de motivation. Même si on enlève la motivation de la faim, le chien va faire tout ça, simplement à peine moins que quand il a faim. Quand il a très faim il va par contre le faire beaucoup plus !

Ca c’est l’organisation des petits instincts qui servent les grands, mais comment s’organisent les grands entre eux ? En fait ils sont plutôt rivaux, chacun cherche à avoir raison.

Prenons l’exemple de l’expression de la menace chez le chien qui a lieu quand les instinct d’agression et de fuite s’opposent. Sans la peur (et donc la fuite) le chien mord sans menacer avec une expression plutôt neutre comme le montre le schéma 1 :

L'agression, Konrad Lorenz, la menace chez le chien

Le chien 2 est face à un rival de même force que lui, à respecter mais dont il n’a pas peur.
Le chien 3 n’a pas peur non plus, par contre il est en colère !
Le chien 9 est très très en colère et très très apeuré, il est probablement pris au piège par un ennemi et ne peut pas s’enfuit ou doit protéger ses petits, ce qui déclenche l’attaque de la dernière chance, la réaction critique dont on parlait plus haut.

Ce schéma s’appelle une analyse de motivation.

Les 4 grands instincts sont loin de toujours fournir la motivation principale d’un comportement. Ce n’est pas non plus parce qu’ils sont « grands » qu’ils dominent les autres instincts. Chez les brebis, l’instinct qui permet de garder le troupeau uni peut-être dominant sur d’autres instincts plus grands. En tout cas, TOUS les instincts ont leur siège et leur voix au grand parlement des instincts, ce qui peut rendre les analyses de motivations un peu compliquées… !

L'agression, Konrad Lorenz

7. Comportements analogues à la morale

Les rituels permettent une sorte de juste mesure de l’agression intra-spécifique. Grâce à eux, le côté indispensable de l’agression pour la conservation de l’espèce peut être utilisé sans que cette agression n’aille suffisamment loin pour être nuisible. Comment ?

La pulsion indispensable ne bouge pas, par contre dans les cas particuliers où elle pourrait être nocive s’installent des mécanismes spéciaux pour diminuer l’agression et nous allons en voir 6.

1. Dans ces mécanismes, on trouve par exemple les combats de menace, qui ne sont pas de vrais combats et qui permettent au rival plus faible d’abandonner un combat sans espoir pour lui. La conservation de l’espèce est servir en déterminant le plus fort sans blesser ni tuer le plus faible.

2. Une dinde doit être très agressive envers les prédateurs extérieurs pour protéger ses petits auxquels bien sûr elle ne doit faire aucun mal… encore faut-il qu’elle les reconnaisse comme ses petits ! Et, d’après une expérience, il se trouve que le mécanisme qui lui permet d’éviter d’être agressive envers ses petits, passe par le fait de les reconnaitre comme tels, passe uniquement par le fait d’entendre leur petit cri à la sortie de l’oeuf. Eh oui. Dinde sourde ou poussin muet = poussin mort. Un bébé putois auquel on attribue un son de poussin deviendra un bébé poussin. Bon c’est en tout cas valable pour les dindes jeunes mamans, après a priori elles apprennent.

3. Les animaux jeunes (ici chiens, loups et corbeaux) ayant atteint leur taille adulte mais pas leur poids adulte doivent faire attention à ne pas être confondu comme des adultes pour ne pas être agressés par des adultes (qui n’agressent pas les petits). Ils vont donc garder leurs comportements de bébés pour se protéger en attendant et être reconnus comme jeunes.

4. Chez beaucoup d’insectes comme les mantes religieuses où la femelle mange le mâle à l’accouplement, il faut développer un mécanisme pour qu’elle ne le mange pas trop tôt et que la reproduction puisse se faire ! Alors elle mange le haut du mâle pendant que le bas assure ses fonctions reproductrices (ambiance !)

5. Chez de nombreuses espèces il est totalement exclu que le mâle attaque la femelle (donc méfiance si vous voyez un chien attaquer une chienne il y a un soucis quelque part !) Chez les chiens, mais aussi les lézards, les femelles s’attaquent entre elles mais adoptent un comportement de soumission envers les mâles. Alors que la femelle bouvreuil est agressive la plupart du temps, on pourrait penser que c’est elle qui domine le couple, mais c’est le mâle, de par sa passivité et sa capacité à encaisser ses attaques sans broncher qui démontre sa supériorité.

L'agression, Konrad Lorenz, Bouvreuils

6. Chez les fauves solitaires, c’est l’excitation sexuelle qui va provoquer une diminution de l’agressivité le temps nécessaire à l’accouplement. Mais chez les fauves qui vivent en société comme les loups et les lions, les mécanismes doivent être plus sûrs et durables, sans varier selon l’humeur.

Les mouvements ritualisés qui diminuent l’agression sont appelés « gestes d’apaisement » et sont exécutés pour NE PAS déclencher l’agression d’un congénère. Pour beaucoup, la menace consiste à montrer les armes (dents, bec, griffes) ; celui qui désire la paix doit détourner son arme de l’adversaire. En faisant ça, les animaux « faibles renoncent à leur défense et sont alors très vulnérable, ce qui pourrait s’apparenter à un suicide ! En réalité, si l’agressivité de l’adversaire diminue dans cette situation, c’est parce que le plus faible fait un geste spécifique, comme tourner la tête ou mettre en avant une partie du corps qui signifie simplement « ne me fais pas de mal ».

D’autres gestes d’apaisement sont très importants, ceux qui ne diminuent pas l’agression mais la réorientent pour la canaliser dans une autre direction, et c’est là une des plus ingénieuses inventions de l’évolution !

8. La bande anonyme

Mais avant de parler des liens, il faut savoir qu’il y a certaines sociétés d’animaux où l’amour et l’amitié ne jouent absolument aucun rôle. Notre société humaine est basée là dessus, la première la plus répandue et la plus primitive est ce qu’on appelle la bande anonyme. Elle apparait chez les oiseaux, les poissons, les insectes…

Dans une bande anonyme, il n’y a aucune structure, aucun chef, aucune hiérarchie, uniquement des individus semblables qui s’influencent les uns les autres. D’un point de vue de la conservation de l’espèce, vivre en bande présente de nombreux désavantages : difficultés à trouver à manger, impossibilité de camouflage, vulnérabilité aux parasites… Pourtant si cette formation du groupe a eu lieu c’est bien qu’elle présente un avantage pour tous les individus sans défense quand ils sont seuls : les prédateurs qui chassent des individus isolés sont ici incapables de se concentrer sur leur proie si elle est entourée d’autant d’animaux identiques.

On pourrait penser que l’agression intra-spécifique qui concerne les animaux isolés est incompatible avec l’instinct grégaire (l’instinct de groupe), mais, moins marqués, les deux mécanismes peuvent quand même s’accorder comme c’est le cas chez les étourneaux qui se doivent de respecter une distance entre chacun sur un fil pour ne pas se faire piquer par le bec du voisin !

Dans les bancs de poissons, l’agressivité se manifeste sur la période de reproduction quand les poissons quittent le banc.

Chez la majorité des espèces d’oiseaux, les parents et enfants ne restent pas ensemble passée la période de reproduction, et n’importe quel voisin de vol est aussi bon camarade qu’un autre.

On pourrait se demander pourquoi, dans ces grandes bandes, il ne serait pas possible de se faire des amis et des amours quand même, mais il se trouve que, même si ça peut sembler un peu contre-intuitif, la formation d’une amitié est étroitement liée au comportement agressif.

9. Une société sans amour

Si la foule est incompatible avec les liens personnels, on peut quand même observer d’autres formes de liens : certains individus passent parfois leur vie ensemble sans avoir de lien personnel pour autant, qui sont simplement fondés sur l’intérêt commun ; chez les humains, on peut très bien collaborer avec son associé sans avoir envie de partir en week-end avec lui pour autant.

Même dans un « marriage de toute une vie », beaucoup d’oiseaux se fichent l’un de l’autre s’ils n’ont pas une fonction spécifique à remplir en commun à un moment donné. C’est le cas des cigognes mais aussi des lézards verts qui ne sont pas des oiseaux, qui peuvent changer de partenaire comme de territoire du jour au lendemain.

Chez le bihoreau (un héron) (mais pas chez tous les hérons) rien ne montre que les deux partenaires se reconnaissent en dehors du territoire du nid. D’ailleurs, les nids des bihoreaux étant assez proches les uns des autres, cette proximité pourraient les faire se reconnaitre en tant que voisins mais non, un voisin est traité avec les mêmes coups de becs haineux qu’un étranger, et ce en permanence vu qu’ils sont voisins ! Gros gaspillage d’énergie donc, d’autant plus que le bihoreau a la FACULTÉ de reconnaitre ses congénères, ce qui servirait à la conservation de l’espèce est clairement mal calculé ici !

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Ce résumé est une interprétation, une vulgarisation subjective qui ne dispense pas de la lecture de l’ouvrage mais peut servir de support de compréhension. En effet, seule la lecture de l’ouvrage en question vous permettra une compréhension réelle des idées de l’auteur, je vous encourage donc à vous procurer ce livre en cliquant ici.

Pour vous encourager, bien que certes un compliqué, ce livre poétique est riche d’exemples fascinants qui ne figurent pas dans cet article ?

L’agression, une histoire naturelle du mal, par Konrad Lorenz

1. Prologue dans la mer

Lorenz s’est d’abord demandé pourquoi certains poissons étaient si colorés. Il a remarqué que parmi les poissons de corail, seuls les bariolés avaient un domicile fixe qu’ils défendaient agressivement contre leur congénères (donc poissons de la même espèce qu’eux) au point de les attaquer.

En les étudiant, Lorenz a établi une forte corrélation entre leur coloration, leur agressivité et leur attachement au territoire.

Les poissons d’eau douce, bien que parfois très colorés, ne sont pas agressifs, eux. Leurs couleurs sont premièrement un moyen d’expression présent seulement quand elles sont utiles (amours, combats). Alors que les poissons de corail sont bariolés en permanence. En eau douce, les poissons sont moins colorés et moins voyants de loin, mais de près, on peut observer des petits dessins, des petits détails destinés à être reconnues par les congénères qui nagent près d’eux.

Les poissons de corail ont donc autant de couleur pour être vus et reconnus de loin par leurs compagnons d’espèce et pour comprendre cela, faisons une analogie avec un village.

Imaginons un petit village avec un boulanger, un médecin et un garagiste. Pour maintenir chacun leur niveau de vie, ils ont chacun intérêt à n’avoir aucun concurrent et ici leurs activités sont bien réparties selon leur domaine de compétence. Ils peuvent donc bien vivre de leur activité.

C’est exactement la même chose qui se passe dans un mètre cube d’eau de mer et de corail qui fonctionne comme ce village : chaque espèce de poisson présente se nourrit d’une partie du corail différente et elle a tout intérêt à être toute seule sur ce mètre cube si elle veut avoir assez de nourriture spécifique. Les couleurs servent donc à tenir les concurrents alimentaires à distance.

3. A quoi le mal est-il bon ?

(oui on saute le 2 !)

On va voir maintenant différents type d’agression qu’on peut dores et déjà classer en deux catégories, inter-espèce (chat contre souris) et intra-espèce (chat contre chat).

L'agression, Konrad Lorenz

Les agressions inter-espèce

1. L’attaque prédateur -> proie

C’est celle qui vient en première, celle de la chasse pour se nourrir.

A noter un fait intéressant sur l’évolution : avec le temps (et ce sur des milliers d’années) les chasseurs influencent l’évolution de leurs proies et inversement ! Plus le guépard court vite, plus la gazelle court vite, alors jusqu’où ça va aller… ? Les dents des herbivores se durcissent pour mieux couper les végétaux qui, pour se défendre, vont par exemple changer leur composition minérale.

La proie n’est jamais mise en danger dans son espèce car tout finit toujours par s’équilibrer. Une espèce n’est donc pas menacée par son adversaire mais, nous y reviendrons, par son concurrent.

2. Le mobbing

Il se passe aussi l’inverse, la proie peut contre-attaquer son prédateur en groupe pour se défendre (« mobbing » veut dire « guère de harcèlement » en français).

Donc les oiseaux vont se regrouper pour chasser un chat, un hibou pour lui inciter à changer de territoire de chasse…

3. La réaction critique

C’est l’attaque de la dernière chance, du désespoir. L’animal ne pouvant plus fuir et craignant plus que jamais pour sa survie doit tout donner et combattre violemment pour s’en sortir. Il agit ainsi souvent par manque de place pour s’enfuir ou pour protéger sa portée.

Les agressions intra-espèce

4. Se répartir dans l’espace

C’est l’attaque utilisé par les poissons dont nous venons de parler mais aussi par les oiseaux qui viennent de nicher pour prévenir les voisins qu’ils ont maintenant élu domicile ici.

Les chats utilisent leurs crottes comme signal : s’il est frais, il change de chemin, et s’il date de quelques heures, il continue. Cela permet d’utiliser le même terrain de chasse sans se disputer avec son horaire d’utilisation.

Quand la délimitation du territoire est juste spatiale, cette délimitation n’existe que par le degré de combattivité de l’animal. Il est plus combattif au coeur de son territoire, c’est donc toujours celui qui est le plus proche de chez lui qui va gagner, et c’est donc plus facile de défendre son territoire actuel que de l’étendre.

5. Les combats entre rivaux

Celui qui gagne le combat transmet non seulement sa génétique forte (si le parent est fort, les enfants ont plus de chances de l’être) mais pourra aussi mieux défendre ses petits contre l’extérieur. Le combat doit donc remplir les deux fonctions des agressions inter-espèce et intra-espèce.

6. Le pecking order

(ça vient des poules qui donnent des coups de becs)

C’est simplement le principe de hiérarchie dans un groupe : il y a un plus fort, un plus faible, tout le monde sait à quoi s’en tenir et respecter cette organisation de la communauté évite les rapports de forces et les combat, et donc diminue l’agressivité. Par exemple au moment de manger, les plus forts mangeront d’abord, les plus faibles attendront leur tour, au lieu de se chamailler des bouts de nourriture.

L’agression intra-espèce ne fait donc pas de tort à l’espèce mais au contraire permet de la conserver.

4. La spontanéité de l’agression

L’agression n’est pas une réaction aux facteurs extérieurs mais un instinct en faveur de la conservation de l’espèce. Si c’était le cas, il suffirait d’éliminer les facteurs extérieurs pour éliminer l’agression. En fait même si on élimine les facteurs extérieurs qui pourraient provoquer l’agressivité, elle se manifeste quand même : une expérience qui consistait à éliminer toute source de frustration chez les enfants les a en réalité rendus insupportables et justement agressifs, leur instinct n’ayant pas eu l’opportunité de s’exprimer plus tôt.

Un comportement instinctif va être déclenché ma un stimulus extérieur : par exemple la parade de l’oiseau mâle est provoquée par la présence d’une femelle de son espèce.

Mais une expérience à montré que si on enlève cette femelle quelques jours, le mâle danse pour la femelle d’une autre espèce. Quelques jours de plus, pour un pigeon empaillé, puis pour un bout de tissu, pour finir au bout de quelques semaine à danser pour un coin de sa cage.

Donc quand un comportement instinctif est arrêté ou empêché pendant un certain temps, il suffit d’un stimulus de plus en plus faible pour le déclencher.

A ce moment là, l’animal est alors très sensible aux déclencheurs faibles, mais si en plus il n’a pas la possibilité d’exprimer son comportement instinctif d’une manière ou d’une autre, il va s’agiter et chercher des facteurs qui lui permettraient de s’exprimer et de décharger ses pulsions. Et si parfois courir ou nager dans tous les sens peut suffire pour se défouler, l’animal (ou l’humain) peut s’exposer à des conséquences grave pour lui et ses congénères si cela ne suffit pas. Si l’enjeu est moindre pour une parade, c’est particulièrement le cas pour l’instinct d’agression.

Chez les cichlides en captivité par exemple, s’il n’y a pas d’ennemis de territoire sur lesquels exprimer leur agressivité, un partenaire finit par être tué par l’autre. Plus les membres d’un groupe sont proches et intimes, ici un couple, plus le refoulement de l’agression est dangereux car le seuil de déclenchement est plus bas : vous avez peut-être remarqué d’ailleurs qu’on est beaucoup plus agacé par les petites manies désagréables de nos proches intimes que celles des gens qu’on connait moins ?

En tant que personne raisonnable on ne va pas se défouler comme un barge sur son meilleur ami mais plutôt s’écarter, jeter quelque chose ou faire du bruit : ça s’appelle un mouvement dévié, ou réorienté.

5. Habitude, cérémonial, et magie

Le fait de dévier ou réorienter une attaque est une excellente invention de l’évolution pour transformer l’agression en voie inoffensive, mais comme on n’est jamais sûr de rien, ce n’est pas la seule.

Avant de poursuivre, petit instant dictionnaire pour définir le terme un peu compliqué de ritualisation phylogénétique : c’est un ensemble de comportements sélectionnés par l’évolution qui codifient et canalisent les interactions entre individus. On va préciser ça ?

Donc oui, cette double sécurité concerne la transformation de la signification d’un comportement : un mouvement qui servait à évoluer dans le milieu extérieur, comme un mouvement de nageoire, acquiert une fonction de communication : soit canaliser l’agression pour réduire les pertes dans l’espèce, soit établir des liens sociaux nécessaires à la cohésion du groupe. Donc au début un mouvement est juste un mouvement, et avec le temps ce même mouvement devient aussi un message.

La ritualisation concerne aussi les habitudes et les cérémonials, qu’il s’agisse de rites traditionnels dans la culture humaine ou de rites sociaux issus de l’évolution dans la vie sociale des animaux.

Alors du coup comment se construit ce nouveau comportement ?

On a à la base une série de comportements, de mouvements variables et un peut aléatoires qui se transforme en une séquence précise, rigide (donc toujours la même) et obligatoire pour que la communication soit claire et sans ambiguïté. Pour qu’un mouvement serve de signal, on va donc jouer sur son amplitude, sa vitesse, son rythme, sa répétition, et en exagérant tout ça la communication est plus précise.

Il est important de noter que, dans chaque cas, la nouvelle signification du comportement devient un nouvel instinct qui rejoint les autres (comme la fuite, l’agression, la sexualité ou l’alimentation), instinct indépendant qui va d’une part chercher à s’exprimer quoi qu’il arrive, et d’autre part permettre de canaliser l’instinct d’agression.

Quasiment tous les comportements humains sont issus de la ritualisation culturelle, à tel point que pour trouver des exemples qui ne le sont pas, il faut s’en tenir à ceux qui ne sont pas censés se faire en public. Toutes les « bonnes manières » sont déterminées par la ritualisation culturelle qui a toujours pour but de diminuer l’agression et créer du lien, il n’y a qu’à voir ce qui se passe quand quelqu’un se comporte en groupe comme s’il était tout seul… !

6. Le grand parlement des instincts

Le mécanisme des instincts fonctionne comme un parlement : c’est un système démocratique capable de trouver des compromis entre les différents intérêts qui rendent la vie possible. C’EST CLAIR ?

? Prenons pour illustrer l’instinct d’alimentation : même si on parle d’instinct, ce comportement est toujours en réalité le résultat de plusieurs causes physiologiques ou de plusieurs pulsions, un peu comme chaque os fait marcher un squelette.

On a déjà vu que chaque mouvement instinctif cherche à s’exprimer qu’il y ait un élément déclencheur ou pas. A partir de là, on ne peut pas dire qu’un comportement instinctif qui aboutirait à manger soit forcément déclenché par la faim : les chiens aiment chasser, qu’ils finissent par manger ou pas.

Courir, flairer, traquet… sont des comportements instinctifs qu’on appelle des pulsions partielles. Ce sont les petits serviteurs des 4 grands instincts (reproduction, alimentation, fuite et agression) qui sont eux des sources de motivation. Même si on enlève la motivation de la faim, le chien va faire tout ça, simplement à peine moins que quand il a faim. Quand il a très faim il va par contre le faire beaucoup plus !

Ca c’est l’organisation des petits instincts qui servent les grands, mais comment s’organisent les grands entre eux ? En fait ils sont plutôt rivaux, chacun cherche à avoir raison.

Prenons l’exemple de l’expression de la menace chez le chien qui a lieu quand les instinct d’agression et de fuite s’opposent. Sans la peur (et donc la fuite) le chien mord sans menacer avec une expression plutôt neutre comme le montre le schéma 1 :

L'agression, Konrad Lorenz, la menace chez le chien

Le chien 2 est face à un rival de même force que lui, à respecter mais dont il n’a pas peur.
Le chien 3 n’a pas peur non plus, par contre il est en colère !
Le chien 9 est très très en colère et très très apeuré, il est probablement pris au piège par un ennemi et ne peut pas s’enfuit ou doit protéger ses petits, ce qui déclenche l’attaque de la dernière chance, la réaction critique dont on parlait plus haut.

Ce schéma s’appelle une analyse de motivation.

Les 4 grands instincts sont loin de toujours fournir la motivation principale d’un comportement. Ce n’est pas non plus parce qu’ils sont « grands » qu’ils dominent les autres instincts. Chez les brebis, l’instinct qui permet de garder le troupeau uni peut-être dominant sur d’autres instincts plus grands. En tout cas, TOUS les instincts ont leur siège et leur voix au grand parlement des instincts, ce qui peut rendre les analyses de motivations un peu compliquées… !

L'agression, Konrad Lorenz

7. Comportements analogues à la morale

Les rituels permettent une sorte de juste mesure de l’agression intra-spécifique. Grâce à eux, le côté indispensable de l’agression pour la conservation de l’espèce peut être utilisé sans que cette agression n’aille suffisamment loin pour être nuisible. Comment ?

La pulsion indispensable ne bouge pas, par contre dans les cas particuliers où elle pourrait être nocive s’installent des mécanismes spéciaux pour diminuer l’agression et nous allons en voir 6.

1. Dans ces mécanismes, on trouve par exemple les combats de menace, qui ne sont pas de vrais combats et qui permettent au rival plus faible d’abandonner un combat sans espoir pour lui. La conservation de l’espèce est servir en déterminant le plus fort sans blesser ni tuer le plus faible.

2. Une dinde doit être très agressive envers les prédateurs extérieurs pour protéger ses petits auxquels bien sûr elle ne doit faire aucun mal… encore faut-il qu’elle les reconnaisse comme ses petits ! Et, d’après une expérience, il se trouve que le mécanisme qui lui permet d’éviter d’être agressive envers ses petits, passe par le fait de les reconnaitre comme tels, passe uniquement par le fait d’entendre leur petit cri à la sortie de l’oeuf. Eh oui. Dinde sourde ou poussin muet = poussin mort. Un bébé putois auquel on attribue un son de poussin deviendra un bébé poussin. Bon c’est en tout cas valable pour les dindes jeunes mamans, après a priori elles apprennent.

3. Les animaux jeunes (ici chiens, loups et corbeaux) ayant atteint leur taille adulte mais pas leur poids adulte doivent faire attention à ne pas être confondu comme des adultes pour ne pas être agressés par des adultes (qui n’agressent pas les petits). Ils vont donc garder leurs comportements de bébés pour se protéger en attendant et être reconnus comme jeunes.

4. Chez beaucoup d’insectes comme les mantes religieuses où la femelle mange le mâle à l’accouplement, il faut développer un mécanisme pour qu’elle ne le mange pas trop tôt et que la reproduction puisse se faire ! Alors elle mange le haut du mâle pendant que le bas assure ses fonctions reproductrices (ambiance !)

5. Chez de nombreuses espèces il est totalement exclu que le mâle attaque la femelle (donc méfiance si vous voyez un chien attaquer une chienne il y a un soucis quelque part !) Chez les chiens, mais aussi les lézards, les femelles s’attaquent entre elles mais adoptent un comportement de soumission envers les mâles. Alors que la femelle bouvreuil est agressive la plupart du temps, on pourrait penser que c’est elle qui domine le couple, mais c’est le mâle, de par sa passivité et sa capacité à encaisser ses attaques sans broncher qui démontre sa supériorité.

L'agression, Konrad Lorenz, Bouvreuils

6. Chez les fauves solitaires, c’est l’excitation sexuelle qui va provoquer une diminution de l’agressivité le temps nécessaire à l’accouplement. Mais chez les fauves qui vivent en société comme les loups et les lions, les mécanismes doivent être plus sûrs et durables, sans varier selon l’humeur.

Les mouvements ritualisés qui diminuent l’agression sont appelés « gestes d’apaisement » et sont exécutés pour NE PAS déclencher l’agression d’un congénère. Pour beaucoup, la menace consiste à montrer les armes (dents, bec, griffes) ; celui qui désire la paix doit détourner son arme de l’adversaire. En faisant ça, les animaux « faibles renoncent à leur défense et sont alors très vulnérable, ce qui pourrait s’apparenter à un suicide ! En réalité, si l’agressivité de l’adversaire diminue dans cette situation, c’est parce que le plus faible fait un geste spécifique, comme tourner la tête ou mettre en avant une partie du corps qui signifie simplement « ne me fais pas de mal ».

D’autres gestes d’apaisement sont très importants, ceux qui ne diminuent pas l’agression mais la réorientent pour la canaliser dans une autre direction, et c’est là une des plus ingénieuses inventions de l’évolution !

8. La bande anonyme

Mais avant de parler des liens, il faut savoir qu’il y a certaines sociétés d’animaux où l’amour et l’amitié ne jouent absolument aucun rôle. Notre société humaine est basée là dessus, la première la plus répandue et la plus primitive est ce qu’on appelle la bande anonyme. Elle apparait chez les oiseaux, les poissons, les insectes…

Dans une bande anonyme, il n’y a aucune structure, aucun chef, aucune hiérarchie, uniquement des individus semblables qui s’influencent les uns les autres. D’un point de vue de la conservation de l’espèce, vivre en bande présente de nombreux désavantages : difficultés à trouver à manger, impossibilité de camouflage, vulnérabilité aux parasites… Pourtant si cette formation du groupe a eu lieu c’est bien qu’elle présente un avantage pour tous les individus sans défense quand ils sont seuls : les prédateurs qui chassent des individus isolés sont ici incapables de se concentrer sur leur proie si elle est entourée d’autant d’animaux identiques.

On pourrait penser que l’agression intra-spécifique qui concerne les animaux isolés est incompatible avec l’instinct grégaire (l’instinct de groupe), mais, moins marqués, les deux mécanismes peuvent quand même s’accorder comme c’est le cas chez les étourneaux qui se doivent de respecter une distance entre chacun sur un fil pour ne pas se faire piquer par le bec du voisin !

Dans les bancs de poissons, l’agressivité se manifeste sur la période de reproduction quand les poissons quittent le banc.

Chez la majorité des espèces d’oiseaux, les parents et enfants ne restent pas ensemble passée la période de reproduction, et n’importe quel voisin de vol est aussi bon camarade qu’un autre.

On pourrait se demander pourquoi, dans ces grandes bandes, il ne serait pas possible de se faire des amis et des amours quand même, mais il se trouve que, même si ça peut sembler un peu contre-intuitif, la formation d’une amitié est étroitement liée au comportement agressif.

9. Une société sans amour

Si la foule est incompatible avec les liens personnels, on peut quand même observer d’autres formes de liens : certains individus passent parfois leur vie ensemble sans avoir de lien personnel pour autant, qui sont simplement fondés sur l’intérêt commun ; chez les humains, on peut très bien collaborer avec son associé sans avoir envie de partir en week-end avec lui pour autant.

Même dans un « marriage de toute une vie », beaucoup d’oiseaux se fichent l’un de l’autre s’ils n’ont pas une fonction spécifique à remplir en commun à un moment donné. C’est le cas des cigognes mais aussi des lézards verts qui ne sont pas des oiseaux, qui peuvent changer de partenaire comme de territoire du jour au lendemain.

Chez le bihoreau (un héron) (mais pas chez tous les hérons) rien ne montre que les deux partenaires se reconnaissent en dehors du territoire du nid. D’ailleurs, les nids des bihoreaux étant assez proches les uns des autres, cette proximité pourraient les faire se reconnaitre en tant que voisins mais non, un voisin est traité avec les mêmes coups de becs haineux qu’un étranger, et ce en permanence vu qu’ils sont voisins ! Gros gaspillage d’énergie donc, d’autant plus que le bihoreau a la FACULTÉ de reconnaitre ses congénères, ce qui servirait à la conservation de l’espèce est clairement mal calculé ici !

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