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À Cully en Suisse, le swing ghanéen électrise les spectateurs

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Le 11 avril 2024, le bassiste camerounais Étienne Mbappé dirigeait un orchestre de jeunes virtuoses issus de l’HEMU (Haute École de Musique de Lausanne) de retour du Ghana où ils ont glané les effluves d’une culture particulièrement riche et frétillante. Cette tentative de restituer un patrimoine et de jouer avec les sensations nées de ce périple africain fut couronnée de succès. Nous avons suivi ces musiciens en herbe et leurs prestigieux chefs d’orchestre.

Chaperonnés par le bassiste Étienne Mbappé et le vibraphoniste Thomas Dobler, cette formation d’étudiants investis dans leur art a su revitaliser le highlife des grands créateurs originels. Outre l’effort artistique, le périple en Afrique de l’Ouest fut un véritable marqueur dans leur développement personnel. Se confronter à des traditions, des modes de vie, un quotidien différent, fut une aventure humaine que ces futurs brillants instrumentistes ne sont pas près d’oublier. Le choc culturel ne pouvait qu’être majeur tant leur environnement social suisse se distingue de la réalité ghanéenne. Heureux d’avoir pu s’imprégner des us et coutumes locaux, ils ont pris la mesure du poids patrimonial africain à l’échelle planétaire.

Ce 11 avril 2024, les rythmes, syncopes, mélodies et chœurs échappés du terreau ghanéen ancestral résonnaient avec vigueur au bord du Lac Léman. Le public fut conquis et les sourires de satisfaction récompensèrent l’implication de ces jeunes gens promis à un avenir radieux.

Quelques heures plus tard, un autre héritage musical imposant faisait vibrer les spectateurs avides de circonvolutions libres et audacieuses. Le contrebassiste britannique Dave Holland, pilier de l’histoire du jazz, partenaire de Miles Davis, Herbie Hancock, Kenny Barron ou Sam Rivers, donnait un cours magistral de créativité instantanée en compagnie du saxophoniste Jaleel Shaw et du batteur Eric Harland. Formidables complices sur scène, ces trois acrobates du swing ont repoussé les limites de l’improvisation en se laissant porter par l’inspiration du moment. Cette maîtrise parfaite de l’instant provient de leurs expériences respectives personnelles aux côtés des grands leaders d’antan.

« On entend tellement souvent cette sempiternelle question : « Est-il toujours possible d’innover ? Dans quelle direction va la musique ? ». La réponse à cela est très simple : Il y aura toujours de jeunes musiciens talentueux, passionnés par la musique et prêts à dédier leur vie entière à cet art exigeant et à apporter leur pierre à cet édifice culturel d’envergure. Je n'ai aucun doute sur le fait qu’il y aura toujours de nouveaux venus. Vivre à New York me conforte dans l’idée que cette ville est un vivier de talents. C'est un peu la Mecque du jazz. Chaque jour, je vois de jeunes musiciens entrer dans les clubs et essayer de vivre la vie d’un jazzman. Ce scénario se répète sans cesse depuis des décennies car, si vous avez du cœur, la musique vous touche instantanément. Souvenez-vous de votre adolescence. Vous vous enthousiasmiez pour les musiques que vous écoutiez. Idem pour moi ! Quand j’ai entendu le contrebassiste Ray Brown avec Oscar Peterson pour la première fois, je me suis dit immédiatement : « Il faut que j’apprenne à jouer de cette manière ! ». Jusque-là, je jouais du rock‘n’roll avec des potes. Instantanément, j’ai décidé de me saisir d’une contrebasse et d’apprendre à jouer. Voilà pourquoi la musique ne cessera d'évoluer. Certes, elle ira peut-être dans des directions que vous n'apprécierez pas forcément mais elle évoluera. Souvenez-vous de l’album Bitches Brew que nous avions enregistré en 1969 avec Miles Davis. Il avait été très critiqué à l’époque. On lui reprochait de détruire la tradition du jazz. Il faut accepter que le vocabulaire musical puisse évoluer. Tant que vous respectez l'héritage de vos aînés, rien ne vous empêche de lui donner de nouvelles couleurs, de nouvelles formes. John Coltrane tirait son inspiration de la tradition mais a eu l’audace de la malaxer. Il s’inspirait de gens comme Dexter Gordon mais il a su développer sa propre originalité. Et cela continue d’influencer ses héritiers aujourd’hui. Regardez combien Herbie Hancock a su faire évoluer sa propre musicalité. Son voyage artistique est exceptionnel. Aujourd’hui encore, il nous épate et notre première réaction est : « Mais comment fait-il ? ». J'ai beaucoup joué à ses côtés durant les années 90. J’ai réalisé qu’il ne jouait jamais un titre deux fois de la même manière. Dès l'introduction, il vous emmène ailleurs, dans son univers. Il essaye toujours de créer quelque chose de neuf. Je m’inspire beaucoup de cela et j’essaye de ne jamais me répéter. Voilà pourquoi j’ai confiance en l’avenir et je crois en tous ces jeunes musiciens qui apparaissent actuellement sur les scènes internationales ». (Dave Holland au micro de Joe Farmer)

La nuit était tombée sur le lac Léman et les étoiles brillaient dans les yeux des spectateurs totalement subjugués par la témérité musicale de trois incontestables maestros : Dave Holland, Jaleel Shaw et Eric Harland.

► Le site d'Etienne Mbappé

► Le site de HEMU (la Haute École de Musique de Lausanne)

► Le site du Cully Jazz Festival

► Le site de Dave Holland.

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Chaperonnés par le bassiste Étienne Mbappé et le vibraphoniste Thomas Dobler, cette formation d’étudiants investis dans leur art a su revitaliser le highlife des grands créateurs originels. Outre l’effort artistique, le périple en Afrique de l’Ouest fut un véritable marqueur dans leur développement personnel. Se confronter à des traditions, des modes de vie, un quotidien différent, fut une aventure humaine que ces futurs brillants instrumentistes ne sont pas près d’oublier. Le choc culturel ne pouvait qu’être majeur tant leur environnement social suisse se distingue de la réalité ghanéenne. Heureux d’avoir pu s’imprégner des us et coutumes locaux, ils ont pris la mesure du poids patrimonial africain à l’échelle planétaire.

Ce 11 avril 2024, les rythmes, syncopes, mélodies et chœurs échappés du terreau ghanéen ancestral résonnaient avec vigueur au bord du Lac Léman. Le public fut conquis et les sourires de satisfaction récompensèrent l’implication de ces jeunes gens promis à un avenir radieux.

Quelques heures plus tard, un autre héritage musical imposant faisait vibrer les spectateurs avides de circonvolutions libres et audacieuses. Le contrebassiste britannique Dave Holland, pilier de l’histoire du jazz, partenaire de Miles Davis, Herbie Hancock, Kenny Barron ou Sam Rivers, donnait un cours magistral de créativité instantanée en compagnie du saxophoniste Jaleel Shaw et du batteur Eric Harland. Formidables complices sur scène, ces trois acrobates du swing ont repoussé les limites de l’improvisation en se laissant porter par l’inspiration du moment. Cette maîtrise parfaite de l’instant provient de leurs expériences respectives personnelles aux côtés des grands leaders d’antan.

« On entend tellement souvent cette sempiternelle question : « Est-il toujours possible d’innover ? Dans quelle direction va la musique ? ». La réponse à cela est très simple : Il y aura toujours de jeunes musiciens talentueux, passionnés par la musique et prêts à dédier leur vie entière à cet art exigeant et à apporter leur pierre à cet édifice culturel d’envergure. Je n'ai aucun doute sur le fait qu’il y aura toujours de nouveaux venus. Vivre à New York me conforte dans l’idée que cette ville est un vivier de talents. C'est un peu la Mecque du jazz. Chaque jour, je vois de jeunes musiciens entrer dans les clubs et essayer de vivre la vie d’un jazzman. Ce scénario se répète sans cesse depuis des décennies car, si vous avez du cœur, la musique vous touche instantanément. Souvenez-vous de votre adolescence. Vous vous enthousiasmiez pour les musiques que vous écoutiez. Idem pour moi ! Quand j’ai entendu le contrebassiste Ray Brown avec Oscar Peterson pour la première fois, je me suis dit immédiatement : « Il faut que j’apprenne à jouer de cette manière ! ». Jusque-là, je jouais du rock‘n’roll avec des potes. Instantanément, j’ai décidé de me saisir d’une contrebasse et d’apprendre à jouer. Voilà pourquoi la musique ne cessera d'évoluer. Certes, elle ira peut-être dans des directions que vous n'apprécierez pas forcément mais elle évoluera. Souvenez-vous de l’album Bitches Brew que nous avions enregistré en 1969 avec Miles Davis. Il avait été très critiqué à l’époque. On lui reprochait de détruire la tradition du jazz. Il faut accepter que le vocabulaire musical puisse évoluer. Tant que vous respectez l'héritage de vos aînés, rien ne vous empêche de lui donner de nouvelles couleurs, de nouvelles formes. John Coltrane tirait son inspiration de la tradition mais a eu l’audace de la malaxer. Il s’inspirait de gens comme Dexter Gordon mais il a su développer sa propre originalité. Et cela continue d’influencer ses héritiers aujourd’hui. Regardez combien Herbie Hancock a su faire évoluer sa propre musicalité. Son voyage artistique est exceptionnel. Aujourd’hui encore, il nous épate et notre première réaction est : « Mais comment fait-il ? ». J'ai beaucoup joué à ses côtés durant les années 90. J’ai réalisé qu’il ne jouait jamais un titre deux fois de la même manière. Dès l'introduction, il vous emmène ailleurs, dans son univers. Il essaye toujours de créer quelque chose de neuf. Je m’inspire beaucoup de cela et j’essaye de ne jamais me répéter. Voilà pourquoi j’ai confiance en l’avenir et je crois en tous ces jeunes musiciens qui apparaissent actuellement sur les scènes internationales ». (Dave Holland au micro de Joe Farmer)

La nuit était tombée sur le lac Léman et les étoiles brillaient dans les yeux des spectateurs totalement subjugués par la témérité musicale de trois incontestables maestros : Dave Holland, Jaleel Shaw et Eric Harland.

► Le site d'Etienne Mbappé

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